Mercredi 13 Août - Tilcara et route vers le nord
Après une bonne nuit récupératrice et un petit déjeuner dans l'excellente auberge Malka, je décide de passer la matinée dehors, en balade. Mauvaise surprise, les nuages sont toujours là. Mais bon, je me dis qu'ils vont se lever, donc pas de soucis. Direction un petit pont à l'autre bout du village, duquel part un chemin en direction de la gorge du diable, encore une ! Je confirme, ça caille. J'ai sorti ma tenue de survie : gants, sous-pull, polaire, k-way, bandeau pour les oreilles et écharpe pour le cou. Mais en bas, short ! Je ne me vois pas marcher en jean. Et ça se fait, en marchant d'un bon pas je supporte le froid. Les paysages ne sont pas à la hauteur de ce qu'ils doivent être sous le soleil, dommage.
J'arrive à la garganta del diablo. Je commence la descente vers celle-ci et opte d'abord pour l'option de gauche : remonter le long de la rivière entre les parois verticales. Le but ? Atteindre une cascade de 10m de haut. Pour y arriver, ce n'est pas moins de 9 fois qu'il faut traverser la rivière à l'aide de cailloux savamment placés. Sauf pour les 2 dernières traversées où je déclare forfait et enlève mes chaussures. Sous un beau soleil d'été ça doit faire du bien (certains se baignent même sous la cascade), mais là... Bref, me voilà à la cascade. Je me répète, mais sous d'autres conditions ça doit avoir de l'intérêt, là, bof.
Je retourne donc sur mes pas, de nouveau traverse 9 fois la rivière et prend le chemin de droite, en direction de la gorge a proprement parlé. Pour cela des escaliers sont aménagés, ça descend sévère. Mais, très rapidement, le chemin est barré par des panneaux "risques d'éboulements", "chemin dangereux", "ne pas passer". Ben, et la gorge alors ? J'hésite à y passer quand même, mais en étudiant un peu le chemin, c'est vrai qu'il est faiblard, et à un endroit tout bonnement manquant. Tant pis pour moi.
En route pour le retour vers le village. Lors de la descente, le soleil daigne enfin sortir de sous ses nuages. Et petit a petit la vue se dégage, et le soleil réchauffe doucement mes cuisses rougies par le froid (pas des masses non plus, il y a toujours un sacré vent). Aurais je du rester là haut attendre un peu ? Je ne pense pas, finalement le spectacle est plus sur les montagnes d'en face à mon avis.
Une fois arrivée près du pont du village, je ne l'emprunte pas mais passe sur une passerelle pour me rendre vers la pucara. Une sorte d'ancienne citadelle, moitié village, moitié fort car située en hauteur. A l'entrée du site, un jardin de cactus avec plein de variétés différentes. C'est dingue les formes variées qui existent.
Ensuite, je déambule à travers la pucara. Ça me fait penser aux ruines de Quilmes d'il y a quelques jours, mais en beaucoup plus préservé. Ici il y a même des toits et des maisons entières (ils devaient être tout petits vu la taille des portes). Le site est super sympa, il y a des cactus du type cardon partout, certains immenses.
Au point culminant de la pucara a été construite une sorte de pyramide en hommage aux découvreurs de la cité. Pas franchement en accord avec le reste du site mais ça passe. Par contre de là on a une super vue sur les alentours, et je confirme que tous les nuages du matin sont bien partis.
Je reviens ensuite vers le centre de Tilcara pour me poser dans un resto pour le déjeuner. Pour une fois je mangerai chaud et à l'intérieur. Au menu : du lama à l'orange et un flan au dulce de leche. Très bonne cette viande de lama, tendre comme il faut et avec du goût même si là c'était pas mal caché avec la sauce à l'orange.
Je retrouve ma fidèle "Gol", et on reprend la route en direction du nord. Toujours à travers de beaux paysages à droite comme à gauche. Je prends en stop 2 Argentins qui parcourent le pays depuis un an et demi et qui se dirigent vers la Bolivie. Ça fait plus de 2h qu'ils marchent sous le soleil sans que personne ne les prenne... Je ne vais pas les avancer jusqu'à la frontière car je bifurque vers l'est en direction d'Iruya.
C'est parti pour de la piste, en plein milieu de nulle part. Comme toujours, plusieurs pauses photos s'annoncent. Je recommence à monter, sauf que plus je monte, plus je me rapproche des nuages. Jusqu'à arriver en haut, et là, c'est purée de pois. Dommage, je suis sûre que c'est joli.
Je commence la descente de l'autre côté, me disant que rapidement je passerai sous les nuages. Mais non, je continue dans le brouillard, sur une piste de montagne bien sinueuse. Ça descend, ça tourne, ça descend, ça tourne. Je ne vois rien. Plutôt ennuyeuse cette route... En plus ça caille, je suis obligée de mettre le chauffage ! Je finis par arriver en bas, au village d'Iruya, et les nuages sont toujours là. Je n'ai pas de thermomètre, mais on est sous les zéro degrés ça c'est sur.
Je me trouve une chambre dans une auberge, et passe la soirée avec un groupe d'Italiens qui comprennent très bien mon espagnol, mais moi pas un traître mot de leur baragouinage. Pas grave, ça sera quand même une soirée sympa, avec une soupe de légumes excellentes et un ragoût de lentilles non moins délicieux. En plus ça a le mérite de bien me réchauffer ! Grâce à mes 3 couvertures de laine bien épaisses et à une couette énorme, j'ai passé une très bonne nuit, heureusement.
Jeudi 14 Août - Iruya et route vers Salta
Au réveil, très bonne surprise, les nuages ont disparu et le soleil brille sur les alentours. Effectivement le village paraît bien plus sympathique d'un coup. Je décide de faire une balade dans le coin avant de repartir, et sous les conseils de la gérante de l'auberge part à la recherche du mirador del condor (pas besoin de traduire là je pense). Rien que pour retrouver l'entrée du village par où je suis arrivée je me perds... Ça commence mal. Mais ça y est, je retrouve ma voiture (la gare mieux, sous les conseils d'agents municipaux), et profite enfin de la vue sur le lit de la rivière et des montagnes qui l'entourent.
Pour rejoindre le mirador, je commence par traverser la passerelle piétonne qui unit les deux rives du canyon, puis emprunte un peu au hasard les ruelles. Le but, monter là-haut, donc en gros je tourne pour être toujours en train de monter ! Des habitants me confirment que je suis sur la bonne route. Ce village n'en finit plus de monter en pente raide, je plains ceux qui habitent en bordure. J'arrive au bout du village, un panneau est là, indiquant que le reste n'est pas habilité pour les touristes. Ben zut alors, serait-ce ça le mirador du condor ?
Je demande mon chemin à une petite bergère qui ne doit même pas avoir 10 ans, et celle ci me dit que non, il faut que je continue de monter, "jusqu'en haut". Faut pas me le dire deux fois ! C'est parti sur le chemin qui n'en finit plus de grimper. Je laisse derrière moi l'enfant et ses chèvres, et me retrouve toute seule, à monter sans arrêt. Seule ? Pas complètement, à un moment je croise une dame, couverte de la tête aux pieds (je suis en débardeur) de vêtements colorés les uns par dessus les autres. On discute un peu, et je découvre qu'elle vient d'un village voisin, et qu'elle marche depuis 5h ce matin ! Pour info, il est 11h à ma montre à ce moment là.
Je continue mon ascension et arrive enfin au mirador. Effectivement le chemin continue, cette fois sans monter, mais semble suivre les montagnes. Jusqu'où ? Je ne sais pas, au moins jusqu'au village dont venait mon énigmatique marcheuse. Je ne vais pas emprunter ce chemin, je m'arrête pour ma part au mirador, depuis lequel on a une vue imprenable sur le village encaissé d'Iruya.
Je reste là-haut un petit moment, à profiter de cette vue magique et du sentiment d'être seule au monde. Puis vient le moment de la descente. Bien plus rapide que la montée ! Je me retrouve très rapidement à ma voiture, que je vais de nouveau mettre à contribution pour sortir de la vallée encaissée. Les virages en épingle a cheveux que j'ai descendus la veille, il va falloir les remonter.
Sans rester les yeux rivés sur la dizaine de mètres de piste visible, mais en ayant la possibilité de m'émerveiller devant la beauté des alentours, cette route n'a rien à voir avec celle de la veille. La montée passe vite, presque trop vite, je n'ai pas envie de passer de l'autre côté du col et de ne plus voir ces ravins et ces montagnes écorchées.
Mais j'arrive bien de l'autre côté, et finalement j'avais presque oublié mais ce n'est pas mal de ce côté ci non plus. Je retrouve avec plaisir la route asphaltée, la piste c'est sympa mais fatigant. Encore quelques pauses photos sur la route, je redescends cette fois vers le sud.
Pause à Humahuaca pour déjeuner rapidement, puis je traverse le village pour reprendre une piste (décidément), et c'est parti pour 25km de montée encore une fois. Pas de soucis pour moi, je suis habituée. Mais du côté de la Gol, elle est à la peine. En montée, la seconde ne tient plus, et au bout en un certain temps je n'arrive même plus à la passer ! Je me mets en mode escargot en première un certain temps et ça passe, sans forcer j'arrive à monter tout là haut. Tous ces efforts pour arriver face à un spectacle grandiose. Les montagnes paraissent peintes, un tableau de maitre cela va sans dire.
Le vent souffle pas mal à cet endroit. J'ai quand même envie de me balader un peu, mais le temps me manque, je dois retourner sur Salta le soir même. Tant pis pour la balade, je redescends sans soucis (et croise un groupe de Coréens dont la voiture a eu trop chaud et fume sur le bord de la route...), retrouve l'asphalte, prend deux fois des stoppeurs sur la route pour la rendre moins monotone et finis par rejoindre Salta sur les coups de 20h, mission accomplie !
J'y suis accueillie par la mère d'un de mes collègues, qui va parfaire son rôle de guide : au programme de la soirée, une balade en voiture aux quatre coins de la ville, puis en centre-ville, puis on finit dans une péña traditionnelle à boire de la bière et manger des empanadas en écoutant du folklore local et en regardant danser les gens. Top !
Vendredi 15 Août - Salta la linda
De nouveau Cristina reprend son rôle de guide à cœur, on déambule dans le centre ville de Salta à pied. C'est un mélange d'architecture de style colonial, avec des édifices très récents, d'autres plus vieux mais sans style défini. Les édifices religieux sont particulièrement réussis, on entre dans la cathédrale au moment de la messe, remplie !
De nouveau balade dans les rues, on passe au marché goûter des empanadillas (empanadas sucrées, miam !), puis on se rend au MAAM, musée archéologique des Andes. Ce musée possède 3 corps d'enfants momifiés retrouvés en haut de la plus haute montagne de la région. Il s'agirait d'une offrande aux dieux de l'époque des incas. Le musée en lui même est intéressant, et la visite se termine par la découverte de l'une des momies. En ce moment c'est le garçon qui est exposé. C'est fou le degré de préservation du corps et de ses vêtements. Ensuite, retour dehors, on va voir une autre église. On arrive pile au moment où ils sortent la vierge (15 août oblige), accueillie par une fanfare et des cotillons. À l'intérieur, comme la cathédrale, tout est peint et plus tôt joli.
Pour finir en beauté cette matinée, on prend la voiture en direction de la colline qui surplombe la ville. De la haut, la vue d'un coup me fait comprendre qu'il s'agit bien plus que d'un village. Selon Cristina, il s'agit d'une ville mais avec un cœur de village. Mais de combien d'habitants ? Oh, environ 800.000. Ah oui quand même. Une ville énorme a mes yeux donc.
On retourne chez elle pour le déjeuner, des tamales délicieuses (hachis de viande entouré d'une pâte à la farine de maïs elle même entourée de feuilles de maïs et qui sont cuites dans l'eau bouillante). Puis direction l'aéroport pour rendre ma voiture dans un état lamentable (elle est vraiment blanche à l'origine ?), et vol vers la capitale. Pour finir mon voyage sur une note bien traditionnelle, quoi de mieux qu'une parrilla, avec un bon bife de chorizo et ris de veau grillé, je me suis régalée ! Le lendemain, départ vers Ezeiza, pas de quoi en faire un article de plus