Mercredi 22 Avril – On grimpe au Sud
Allez, pas le temps de traîner au lit, il est l’heure de la douche (glacée… argh), du petit dej (miam ! un nasi goreng) puis de filer dare dare acheter nos billets d’avion de retour vers Jayapura pour la fin de semaine, il ne faudrait pas qu’on reste bloqués ici, on a un planning ultra serré jusqu’à la fin des vacances. Ça c’est fait, donc maintenant demi-tour et direction la gare de bemos de la veille, donc encore presqu’une heure de marche sous le soleil. En route, j’ai un doute. Ce terminal est au nord, alors que là on veut aller au sud… et après vérif dans le LonelyP, effectivement, il faut qu’on fasse marche arrière ! On repasse donc devant l’hôtel et l’agence de voyage (sic) et poursuivons notre route jusqu’au marché situé au sud. Le temps d’acheter quelques oranges et on saute dans un bemo en route vers le sud.
La route ressemble au départ à ce qu’on a pu voir dans le nord, mais petit à petit, les montagnes environnant la vallée semblent plus hautes et austères. La végétation également diffère, quand tout d’un coup, changement radical. La route disparaît, la végétation aussi. On se retrouve au milieu d’un désert de roches. Pourquoi, comment ? C’est un mystère. Plusieurs ruisseaux qui traversent cette étendue se transforment peut-être en de véritables torrents sous l’effet des pluies, ou alors nous sommes dans une ancienne mine. En tout cas on traverse, ça remue bien dans le bemo, et à la traversée des ruisseaux dont je parle, je me dis qu’il n’a pas intérêt à ce qu’il pleuve pendant la journée, sinon, on risque de se retrouver bloqués de l’autre coté le soir venu.
On atteint le terminus des bemos qui sont en fait obligés de s’arrêter là puisque la route s’est effondrée un peu plus loin et est impraticable à des véhicules autres que des motos. On continuera donc à pied. On commence par longer la route, puis décidons de monter à l’assaut d’un des versants nous entourant. Pour cela, il faut d’abord qu’on traverse des plantations, sans trop savoir si on a le droit d’y aller ou pas. Personne n’ayant l’air de nous crier dessus, on continue à monter. On aperçoit un chemin plus haut sur la colline et on décide de nous y rendre. Problème : comment l’atteindre sans marcher sur les cultures ? Une femme nous fait comprendre par signes qu’on se dirige vers un cul-de-sac et nous indique comment traverser à un autre endroit. Mais on s’éloigne de notre but…
Du coup, on contourne les plantations par le haut et débouchons sur un mur de végétaux. Mais rien ne nous arrête (surtout pas François), donc on se fraye un chemin au milieu de tout ça, non sans mal. Mais au bout d’un moment on est bien obligé de s’avouer vaincus, il n’est plus possible de passer. Qu’a cela ne tienne ! On fait un petit retour en arrière, traversons un ruisseau et ni vu ni connu, nous voilà sur le chemin espéré ! Et on monte, et on monte, encore et toujours. La vue sur la vallée en contrebas est de plus en plus belle. On est impressionnés par les cultures qui sont présentes sur des pans de montagne qui n’ont pourtant pas l’air accessibles, ou du moins sont accessibles, mais au prix de durs efforts.
En route, on croise des oiseaux, des cochons sauvages, mais pas de Papous. Arrivés presqu’en haut (à force de dire « on va jusqu’à la colline qui suit, allez, encore un peu plus loin » je me disais qu’on n’en finirait jamais), je décide de me poser et de les laisser aller « juste derrière le sommet là ». À leur retour, il ne payait pas de mine… apparemment toujours magnifique là-haut, sauf qu’après tu atteins la foret dense et qu’il est impossible d’y pénétrer, mais surtout, ils ont découvert ce qui semblerait être un poste de garde, pour ne pas dire l’endroit idéal que choisirait un tireur qui voudrait surveiller le coin ! Donc on redescend sans demander notre reste, surtout que le ciel se fait menaçant et que je ne veux pas finir sous la pluie. Déjà à l’aller c’était bien glissant par moments, mais alors s’il pleut… Je ne veux toujours pas balancer, mais l’un de nous avec ses chaussures plates n’en menait pas large pour la descente…
On atteint finalement le lieu de départ des bemos juste avant que la pluie ne tombe vraiment, avec une crainte : qu’il n’y ait plus de bemos à cette heure. Heureusement pour nous, il en reste trois, et après presque 1h d’attente, on est partis, avec 12 personnes à l’arrière, 3 devant et 2 qui n’ont que les pieds dans le bemo et se tiennent par les mains au toit ! On retraverse le désert de cailloux, avec un peu plus de difficultés au niveau des ruisseaux qui ont grossi, mais on arrive à bon port sans souci. Soirée tranquille sur Wamena, dîner de crevettes d’eau douce à l’hôtel et au lit.
Jeudi 23 avril – En suivant la rivière
De nouveau un réveil plutôt matinal, on a encore une journée de marche de prévue. Cette fois, on souhaite se rendre tout au nord de la vallée, et si possible nous rapprocher de villages encore plus traditionnels. Un gars nous avait proposé ses services de guide la veille mais on avait décliné, cette fois, on décide de lui donner sa chance et on le prend avec nous. Vous ne devinerez jamais son nom… Mickey Mouse ! Aucune idée de s’il s’agit d’un surnom ou pas, mais il n’avait pas l’air de rigoler.
On part donc en sa compagnie vers le terminal des bemos du nord, en prenant un bemo histoire d’y arriver plus vite. Cette fois, on prend le temps d’acheter quelques oranges et bananes au marché jouxtant le terminal pour ne pas crever de faim à la fin de la journée (la veille on avait 3 clémentines chacun, elles nous ont bien fait plaisir !). Ensuite, il ne nous reste plus qu’à monter dans le bon bemo. Mais ce n’est pas si simple. Vue l’heure qu’il est, il n’y a plus de bemo qui partent là où on veut aller, du coup, il nous faut charteriser le véhicule entier. On décide d’abord de ne pas nous laisser faire et on attend d’autres voyageurs potentiels. Après 1h d’attente, on craque et finissons par céder à leur chantage. On monte donc dans le bemo, et après 1h de trajet sur une route toujours en parfait état, nous voilà à Manda.
On quitte tout de suite la route goudronnée pour nous avancer sur une route de terre qui s’enfonce dans une vallée adjacente et longe une rivière. Le soleil tape fort, très fort. On avance plutôt bien le long du chemin, mais on a peur à chaque instant de perdre Mickey qui semble prêt à défaillir sous la chaleur. On se demande bien pourquoi on l’a pris avec nous, puisque finalement, le chemin est tout droit, pas moyen de se tromper, et en plus on ne croise personne sur la route dans les villages à part les enfants. À qui on apprend à siffler grâce á une brindille d’herbe coincée entre les pouces… Mais Mickey s’accroche, et ne se plaint pas.
La vallée est très encaissée, de part et d’autre de la rivière les pans de montagne grimpent très abruptement, et nous rendent tous petits. On continue notre marche, traversant plusieurs villages toujours plus ou moins vides. Au bout d’un moment, se pose la question du retour : faire demi-tour et reprendre le même chemin ? trouver comment traverser la rivière et revenir par l’autre coté ? tenter un passage par le col en haut des montagnes ? Tout ceci en prenant en compte le fait que si on revient trop tard sur le bord de la route à Manda, on ne trouvera plus de bemo pour revenir a Wamena. Mais comme on est insouciants (qui a dit «cons»?), on décide de choisir l’option par la montagne et advienne que pourra. Mais Mickey n’est décidemment pas chaud pour nous mener par là… on rencontre une troupe d’enfants qui habitent par là et ceux-ci nous indiquent qu’on peut revenir par l’autre rive, sans avoir besoin de monter sur la montagne. Par défaut, on prend cette voie.
Les enfants décident de nous servir de guide jusqu’à ce qu’on récupère l’endroit où attendre un bemo, et ça donne lieu à de grands fous rires quand ils nous voient glisser dans la boue et hésiter sur les troncs, branchages et autres cailloux qu’on doit emprunter. Eux ne s’inquiètent de rien et tracent leur chemin sans soucis. À un moment, ils font une pause et se mettent en tête de grimper aux arbres. En moins de temps qu’il n’en fait pour le dire, les voilà à une bonne dizaine de mètres de hauteur. Leur but ? Cueillir des markisas (sortes de fruits de la passion), pour notre plus grand plaisir. On déguste ensuite les fruits délicieux le long de la route.
Mickey stresse encore et toujours qu’on ne revienne pas à temps, alors on presse le pas sur la dernière partie qui traverse des plantations qui encore une fois m’impressionnent par leur étendue. On atteint finalement un pont qui nous ramène sur la portion de route de terre qu’on avait prise à l’aller, et il ne nous reste plus qu’à attendre un bémo. Pour passer le temps, on s’amuse avec les gosses qui sont toujours avec nous, ils nous apprennent un jeu : trouver des branches (type bambou) de taille variable (au moins 1m), placer a une extrémité une boule de terre (judicieusement choisie aux endroits où la terre est à majorité argileuse), lâcher la branche dans la rivière depuis le milieu d’un pont. Et là ? Le bâton ne coule pas ! Il s’enfonce à la verticale jusqu’à trouver un équilibre et suit ensuite le courant. Une variante ensuite consiste à faire couler la branche à l’aide d’un lance-pierres… ils sont d’ailleurs très doués !
Ensuite, retour à Wamena dans un bemo plutôt bondé, il reste encore un peu de place, mais juste le fait de voir autant de bules à l’intérieur bloque psychologiquement les gens qui voudraient monter sur la route. Puis soirée tranquille à l’hôtel (il pleut des cordes).